Il a reconnu que ma voix, proche de la sienne par certains côtés, s'en distingue néanmoins en ce qu'elle est une voix corporelle, ancrée dans le réel, parce que c'est une voix qui travaille sur le corps, sur le souffle, cadre de la vie et de la mort par excellence. Mais c'est aussi une voix qui parle avec un accent italien, une voix qui le ramène aux castrats du XVIIIe siècle. Dans la voix est symbolisé tout son traumatisme, lié à la mort-castration, lié au meurtre psychique des enfants, et, probablement, lié à son père. Dans la symbolisation de ma voix par son inconscient, il y a enfin un coupable du meurtre de son Moi enfant, probablement (Freud 1919). M. X a finalement ramené l'idéalisation de ses symptômes délirants dans le réel et projette le pire sur cette voix corporelle : un transfert dans lequel M. X. rejette l'horreur de son enfance, qu'il avait enfermée en lui-même. Et il l'a sans doute maintenant fixée psychiquement quelque part. Probablement c'est dans ces moments cliniques que j'ai contenu, dans un nouveau cadre psychique, quelque chose de très violent que ce père aurait pu transférer à Cédric, l'enfant. Certes, cela ne suffit pas à contenir une blessure aussi profonde, ni à donner un équilibre au délire psychotique de cette personne. Mais ce qui est sûr, c'est que son délire est désormais inscrit dans l'histoire et la réalité, il n'erre plus comme une matière psychique non traitée. battu par son père RÉFLEXIONS Comme je l'ai déjà dit, ce qui s'est passé dans ce moment clinique est proche de ce que Freud pensait du processus psychanalytique. M. X a probablement rendu conscient son inconscient à travers le transfert qu'il a effectué sur moi et, à travers son principe de plaisir pervers, il est possible qu'il se soit approché d'un principe de réalité.